Introduction

La suspension estivale puis la réouverture du guichet MaPrimeRénov' n'ont pas permis de restaurer la dynamique des accompagnateurs Rénov'. Ces professionnels, devenus indispensables pour les rénovations lourdes, voient leurs missions fondre, avec des répercussions sur l'emploi et la santé financière de nombreux acteurs.

Cet article décortique l'ampleur du recul d'activité, les chiffres clés communiqués par les organisations professionnelles et les causes structurelles qui pèsent sur la relance du secteur.

Une activité brutalement réduite

La fermeture du guichet MaPrimeRénov' pendant plusieurs mois a interrompu les demandes d'aide et freiné les projets. Avant mai 2025, l'ANAH enregistrait près de 10 000 nouvelles demandes mensuelles pour des rénovations d'ampleur. Après la réouverture fin septembre, seulement 6 898 dossiers ont été déposés — beaucoup avaient simplement patienté pendant l'été.

Impact chez les professionnels

Des accompagnateurs rapportent une chute drastique des prospects : certains étaient habitués à gérer une dizaine de dossiers par mois, et se retrouvent désormais avec à peine un nouveau projet mensuel, soit une baisse de l'ordre de 90 % de leur flux de clients.

Des emplois menacés dans la filière

Le statut d'Accompagnateur Rénov' (MAR) a attiré des acteurs publics et privés qui ont investi pour répondre à la demande. Aujourd'hui, plus de 3 000 MAR sont actifs et 630 dossiers étaient en cours d'instruction en novembre, selon l'ANAH.

Conséquences RH

Des enquêtes internes montrent que la majorité des structures ont dû recourir à des mesures sociales : un sondage mené auprès de 600 professionnels indique que 71 % ont déjà engagé des ajustements RH depuis la suspension du guichet. Près de la moitié ont licencié ou envisagent des licenciements, et certaines estimations font état d'environ 200 emplois supprimés dans un réseau de 1 000 adhérents.

Situation alarmante : les organisations du secteur estiment que, si la tendance se poursuit, jusqu'à 1 500 postes pourraient être menacés à l'échelle nationale.

Causes, fraudes et perspectives

Plusieurs éléments explicatifs se dégagent : des délais d'instruction et de versement jugés trop longs, une perte de confiance des ménages et un contexte où des fraudes ont été massivement détectées. En 2024, l'ANAH a repéré 44 000 dossiers frauduleux, un chiffre qui pèse sur la crédibilité du dispositif.

Risques et options pour l'avenir

Des enquêtes locales ont pointé des collusions entre certains accompagnateurs et entreprises frauduleuses, facilitées par la possibilité pour les MAR d'intervenir à l'échelle nationale. Face à ces défis, les professionnels demandent des signaux politiques et administratifs clairs pour relancer le marché ; sans actions rapides, l'année 2026 s'annonce incertaine et des priorisations d'aides pourraient exclure certains ménages.