Télétravail et bureaux vides : un économiste met en garde contre une flambée des impayés sur les prêts commerciaux US
Un expert alerte sur la montée rapide des défauts sur les prêts adossés aux immeubles de bureaux américains. Télétravail et baisse des loyers fragilisent les CMBS.
Introduction
Un rapport d'un économiste spécialisé attire l'attention sur une montée sévère des impayés touchant les prêts liés aux immeubles de bureaux aux États-Unis. En quelques années, la proportion de défauts signalés sur certains segments s'est envolée, suscitant des inquiétudes sur la solidité des actifs financiers qui y sont rattachés.
Les éléments observés combinent une hausse de la vacance, une contraction des revenus locatifs et une revalorisation à la baisse des immeubles concernés. Ces facteurs pèsent sur la capacité des propriétaires à honorer leurs échéances.
Selon l'analyse, le taux de défaillance des prêts titrisés liés aux bureaux est passé d'un niveau très bas fin 2022 à des proportions nettement supérieures en octobre 2025.
Pourquoi les défauts augmentent
Le rôle du télétravail et de l'inoccupation
Le recours massif et durable au télétravail a réduit la demande d'espaces de bureau pour de nombreuses entreprises. Conséquence : des immeubles anciens — et parfois récents — restent partiellement inoccupés, privant les propriétaires d'une part importante de leurs recettes locatives.
Sans loyers suffisants, certains exploitants ont du mal à couvrir les intérêts et le remboursement du capital des prêts contractés pour l'achat ou la rénovation de ces bâtiments. Cela explique en grande partie la montée des impayés signalée par l'étude.
Baisse des loyers et impact réel
Des loyers en recul notable
Parallèlement à l'augmentation de la vacance, les loyers bruts des bureaux ont connu une baisse significative sur la période récente. Les loyers nominaux ont reculé de plusieurs pourcents, une contraction jugée inhabituelle pour ce segment.
En tenant compte de l'inflation, la perte de valeur locative est encore plus marquée : la diminution réelle des loyers s'est située au-delà de la simple baisse nominale, ce qui amplifie la pression sur la rentabilité des actifs immobiliers de bureau.
Conséquences financières et comparaison aux subprimes
Les CMBS au cœur des préoccupations
Une part importante des prêts immobiliers commerciaux a été transformée en titres financiers (CMBS). Lorsque les prêts sous-jacents deviennent défaillants, la valeur de ces titres diminue, exposant leurs détenteurs à des pertes potentielles.
Cependant, l'ampleur du phénomène reste spécifique au secteur des bureaux. Le taux de défaut moyen pour l'ensemble des prêts commerciaux reste, selon l'analyse, bien inférieur aux pics observés lors de la crise financière de 2008-2009, ce qui tempère le risque d'une contagion systémique immédiate.
Que peuvent faire investisseurs et propriétaires ?
Stratégies pour limiter les pertes
Face à cette situation, plusieurs options sont possibles : renégociation des dettes, cessions ciblées d'actifs, conversion d'espaces de bureau en usages mixtes ou encore partenariats publics-privés pour requalifier les immeubles.
Les investisseurs doivent aussi renforcer la surveillance des portefeuilles, diversifier les positions et stress-tester leurs expositions aux CMBS afin d'anticiper des scénarios de baisse prolongée des loyers.
- Renégociation des conditions de prêt
- Conversion ou requalification des surfaces
- Renforcement de la due diligence sur les CMBS
FAQ
- Qu'est-ce qu'un CMBS et pourquoi est-il sensible aux défauts ?
- Un CMBS est un titre adossé à des prêts immobiliers commerciaux. Si les emprunteurs font défaut, la valeur des titres diminue, entraînant des pertes pour les investisseurs qui les détiennent.
- Le phénomène peut-il déclencher une crise comparable aux subprimes de 2008 ?
- Les risques existent localement pour le segment bureaux et certains CMBS, mais les indicateurs globaux des prêts commerciaux restent, pour l'instant, loin des pics observés lors de la crise de 2008.
- Pourquoi le télétravail affecte-t-il les loyers de bureaux ?
- Le télétravail réduit la surface de bureau nécessaire par entreprise, augmentant la vacance et comprimant la demande, ce qui pèse à la baisse sur les loyers.
- Que peuvent faire les propriétaires pour limiter les défauts ?
- Ils peuvent renégocier les dettes, diversifier l'usage des immeubles, investir dans la rénovation pour attirer des locataires ou céder certains actifs pour réduire l'endettement.