Introduction

Depuis la reprise du guichet MaPrimeRénov', des signaux d'alerte se multiplient autour de professionnels mandatés pour accompagner les demandes d'aides. Des inspections techniques ont mis en évidence des écarts entre les audits présentés et la réalité du terrain.

Ce phénomène interroge la fiabilité des dossiers qui permettent d'obtenir des subventions et pose la question des moyens nécessaires pour vérifier la sincérité des demandes.

Contrôles sur le terrain

Un contrôle révélateur

Lors d'une visite de vérification dans l'Eure, un expert dépêché pour examiner un dossier a découvert des incohérences matérielles. Là où le devis réclamait l'isolation des rampants, l'inspection a montré des combles déjà correctement traités et un mur avec un vide d'air peu propice à des travaux supplémentaires.

Des prestations imaginaires

Le même dossier comportait la facture présumée d'un chauffe-eau ancien, alors qu'une chaudière gaz avait été posée en 2019. Au total, le projet initial sollicitait près de 49 000 euros d'aides, somme maximale selon le niveau de ressources du propriétaire, ce qui a éveillé les soupçons de surfacturation.

Accompagnateurs Rénov' et dossiers douteux

Origine des dossiers

Depuis la mise en place des « Accompagnateurs Rénov' » (MAR), des dossiers émanant d'opérateurs extérieurs au territoire local ont afflué. Certains audits étaient lacunaires, avec des relevés incomplets ou des descriptions imprécises, tandis que les devis semblaient parfaitement présentés sur le papier.

Des incohérences répétées

Les services d'instruction notent des dizaines de cas où les pièces fournies ne correspondent pas à l'état réel du logement. Les collectivités locales alertent sur des pratiques qui, même sans constituer des fraudes d'identité, entraînent un gaspillage potentiel des fonds publics et réduisent l'efficacité des opérations de rénovation.

Lutter contre la fraude : enjeux et limites

Contrôles et proportions

Au niveau national, l'agence en charge du dispositif effectue des contrôles physiques sur une part limitée des chantiers — autour de 10 à 15 % des dossiers selon ses propres estimations — et la plupart des vérifications interviennent a posteriori, après réalisation des travaux.

Tirer les leçons

Les élus locaux demandent davantage d'expertises en amont pour éviter les demandes surestimées. Ils dénoncent une tension entre l'objectif de massification des rénovations et la nécessité de prévenir les irrégularités. Cet équilibre reste au cœur des débats sur l'amélioration des processus d'instruction.

Article construit à partir d'investigations publiées par BFM Immo et complété par une synthèse destinée aux propriétaires et acteurs de la rénovation énergétique.